Harcèlement

HarcèlementLe terme de « harcèlement moral » à la suite de l’ouvrage de la psychiatre Marie-France Hirigoyen, a été d’abord construit autour d’un comportement pathologique individuel et de la notion de perversion narcissique.

Le harcèlement moral, prohibé par la loi, est un concept juridique qui recouvre des réalités différentes. Le harcèlement peut être l’œuvre d’un individu qui tourmente intentionnellement sa victime (par des critiques, reproches injustifiés, humiliations publiques, des tâches dévalorisantes…) et on vient au travail la peur au ventre. Il peut également relever de dysfonctionnements dans les organisations et la direction d’équipes.

Objectiver les effets sur la santé psychique des salariés exposés à un management reconnu par la médecine légale puis par la justice comme inacceptable -parce producteur de risques altérant la santé physique ou mentale- permet de mettre l’accent sur les dysfonctionnements organisationnels, dont les managers sont considérés comme fautifs (Willemez. 2023). Ainsi, se constitue une jurisprudence autour du harcèlement moral managérial. Ce qu’on appelle harcèlement institutionnel a été reconnu par jugement du 20 décembre 2019 du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire France Telecom relevant que : « Par leur nature, qui avait pour objet de faire dégrader les conditions de travail, les agissements structurels pour relever directement de la politique de l’entreprise et structurants pour potentiellement altérer la santé de tous les agents étaient harcelants ». Notons un arrêt important de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 19 Avril 2023 : dès lors que les juges ne constateront pas une mauvaise foi du salarié qui dénonce des faits de harcèlement moral, la nullité du licenciement du salarié sera encourue.

Si des formes de « bien-être » au travail existent, la lecture des jugements concernant des accusations de harcèlement moral montre aussi concrètement l’envers de l’exercice du pouvoir hiérarchique. Au-delà du « petit chef toxique » c’est le manager zélé « le bon élève », qui est rencontré le plus souvent : il s’engage à appliquer coûte que coûte les décisions prises à haut niveau pour réaliser les objectifs de performance attendue. En rendant insupportable la charge de travail et les risques d’épuisement de ses collaborateurs. Il s’étonne et dénie la qualification de harcèlement lorsque les salariés se plaignent ou qu’une enquête est diligentée.

Ce peut être alors l’occasion de travailler ce qui se joue dans l’exercice de l’autorité hiérarchique, le rapport au travail, la place du manager et de prendre conscience des comportements inacceptables et de leurs effets.

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